Le consultant en évaluation des politiques publiques

L’industrie du conseil est en floraison, au Maroc, depuis plusieurs années. Des experts de divers profils, des anciens fonctionnaires et des enseignants chercheurs ont en fait leur métier en freelance ou travaillent pour le compte de grands ou petits cabinets de conseil[1].

Devant l’amalgame entre les branches de spécialités de ces cabinets, les acheteurs publics de conseil se trouvent confrontés au choix du consultant capable de s’investir sur les problématiques spécifiques des principaux secteurs de l’action publique.

En effet, approcher le rôle que pourrait jouer le consultant pour le compte de l’administration publique est un travail complexe et parmi les plus difficiles à analyser pour des raisons souvent liées à:

  • L’absence de la régularisation de l’industrie du Conseil ;
  • L’absence d’informations et de traçabilité relatives aux consultations effectuées pour le compte de l’administration publique ;
  • Le fait de ranger le métier du consulting parmi l’ensemble du secteur des services ;

En interpellant le service du consultant, les institutions publiques  (administrations, collectivités territoriales, établissements publics, …) se donnent l’occasion de s’ouvrir non pas seulement sur un apport de compétences techniques, mais surtout sur une méthodologie de résolution de problèmes, sur l’art de conduite du changement et d’amélioration du fonctionnement de l’administration publique. Et ce, pour des prises de décisions adéquates dans un environnement complexe et turbulent que le consultant pourrait, grâce à son regard externe, son professionnalisme et sa maitrise des outils et de l’ingénierie du conseil, aider les décideurs dans la rationalisation de l’action publique.

En effet, le consultant outillé dispose d’une réelle méthodologie d’intervention (appelée aussi l’ingénierie du conseil) pour améliorer le fonctionnement et résoudre des problèmes dans l’administration publique. C’est un consultant qui, outre la maitrise de son expertise, mobilise toute la boite à outils des consultants professionnels qui peut lui permettre de mieux mener les différentes étapes d’une mission de conseil (collecte, analyse, recherche de solutions, propositions, mise en place…).

A titre d’exemple, un ou une équipe de consultants peut être sollicité pour le cas de l’évaluation d’une politique publique, soit pendant les 3 phases principales de ce dispositif ou pour l’une d’entre elle.  Ces étapes sont connues sous les appellations suivantes :

  • Evaluation ex-anté : touchant le contexte. L’exemple du programme de scolarisation des enfants abandonnés peut amener le consultant, à travers le recueil d’informations auprès de la population, à soulever les causes racines du problème et à proposer des solutions rendant la politique sociale pertinente et cohérente ;
  • L’évaluation à mi-parcours et in itinere: a souvent pour objet d’examiner si le programme se déroule comme prévu et comment rectifier le tir s’il le faut;
  • L’évaluation ex-post: ce dispositif a souvent pour objet de mesurer les écarts entre les résultats et les objectifs et escomptés.

En effet, l’évaluation vise, d’abord, à fournir aux pouvoirs publics des outils pour rendre leurs actions plus efficaces. En ce sens, le consultant  doit, notamment, fournir trois types d’informations :

  • Comment fonctionne la politique et quels sont ses effets ?
  • Ses effets sont-ils à la hauteur des objectifs ?
  • Peut-on faire mieux et comment ?

Son travail doit mettre en exergue la production d’une analyse aussi rigoureuse que possible sur les causes d’échec ou de réussite de la politique publique. Il  se distingue du contrôle de gestion, qui va moins loin dans l’interprétation des résultats, et s’attache davantage à la régularité des procédures mises en œuvre. »[2]

En conclusion, la démarche d’intervention du conseil présente son importance dans la simulation de la co-production entre le consultant et l’acteur commanditaire de son service pour mesurer les effets d’une politique menée afin d’éclairer la décision et l’appréciation de l’efficacité des choix des programmes d’actions publiques[3].

[1] Les Big 4 en audit et conseil, Les MBB (McKinsey, Boston Consulting Group et Bain), les boutiques de conseil généralistes ou spécialisées

[2] L’évaluation des politiques publiques, par Sylvie TROSA, les notes de benchmarking international, novembre 2003, p9

[3] https://www.vie-publique.fr

Biographie

 

Dr Badia BADDAGConsultant et évaluation des politiques publiques

  • Juriste publiciste ;
  • Consultante et formatrice certifiée par TOTAC ;
  • Coach professionnel et personnel.

 

 
 

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